La Rumba congolaise à l'origine du panafricanisme!

Publié le 23 mars 2025 à 11:28

Moment de reconnaissance et de consécration de l’odyssée et de l’épopée d’une musique et d’une danse originaires du bassin du Congo. 

Le 14 décembre 2021, la Rumba congolaise a été inscrite sur la Liste Représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de l’Unesco, en tant qu’expression culturelle et pratique sociale. Cette distinction est une consécration et une reconnaissance comme un bien culturel planétaire.La Rumba congolaise est une expression multiculturelle et multiforme pratiquée et vécue sur l’ensemble des territoires nationaux de la République Démocratique du Congo et de la République du Congo Brazzaville.

Emmenées dans les cales des navires négriers aux Amériques et aux Caraïbes  par des hommes et des femmes arrachés à leur terre natale, la Rumba congolaise est en réalité l’aboutissement d’une rencontre d’artistes d’horizons divers réunis par la volonté commune de création d’une expression musicale. Enrichie par les anciens esclaves d’origine kongo, yoruba, ghanéenne, dahoméenne… et les amérindiens, principalement à Cuba et un peu partout dans l’ancien empire colonial hispanique des Amériques et des Caraïbes, cette musique les accompagnera dans leur combat d’émancipation contre l’esclavage pour revenir ensuite sur le continent africain au début du 20ème siècle.

Une musique pour résister.

La Rumba contribuera à animer la vie culturelle, sociale, économique des métropoles urbaines ainsi que les luttes de décolonisation et contre les régimes militaires et dictatoriaux post indépendances. En somme, un patrimoine culturel et spirituel à la confluence de l’histoire et de la mémoire partagées (Afrique-Europe-Amérique-Monde).

Plus tard, avec la traite négrière au 15ème siècle, les Africains emmèneront dans les Amériques leur culture et leur musique qui joueront un rôle déterminant dans les mouvements de résistance, de lutte et d’émancipation contre l’esclavage. Ils fabriqueront des  instruments assez rudimentaires qui deviennent de plus en plus sophistiqués, et ce style reviendra ensuite en Afrique, métissée,  à la fin du 19ème et au début du 20ème siècles par les marins dans les ports maritimes, en pleine période coloniale, plus particulièrement de Cuba où il aura connu un grand développement.

Aux origines de la Rumba

Les spécialistes situent les origines de ce style musical dans l’ancien royaume Kongo. On y pratiquait il y a plus de 500 ans déjà une danse appelée NkumbaK ou Kumba qui signifie “nombril” en langue kikongo; une danse nombril contre nombril connue aujourd’hui sous le nom de “collé-serré”.

Élément de l’univers matriciel, le nombril désigne ce qui relie, bien entendu par un cordon, l’enfant à sa mère. Partant, la “kumba” procède de la fécondité de la femme et de l’homme.

La Rumba congolaise est devenue une sorte de seconde nature, autrement dit de culture, de passion de vivre avec ses “ambiances” festives et ludiques avec la sape, ce mode vestimentaire qui va avec, des codes de séduction en langue lingala notamment, avec ses allusions satiriques…. Une forme à la fois de résistance, de résilience et d’existence, toutes générations confondues.

La Rumba congolaise rencontre sa grande révélation au monde musical en 1960 grâce à un tube qui a fait danser cette Afrique “indépendentiste” et soif de liberté engagée dans le combat de la décolonisation.

Afrique, “Indépendance cha cha”

Joseph Kabasele Tshamala, alias Grand Kallé, ne pensait sûrement pas que son tube enregistré en 1960 aurait fini de réunifier l’Afrique autour de cet enthousiasme contagieux d’une jeunesse qui aspirait à plus de liberté et de créativité d’un continent africain résolument orienté vers son indépendance. Au-delà des artistes, la Rumba congolaise est en réalité l’aboutissement d’une rencontre de peuples à travers une création d’une expression musicale.

Ainsi la rumba congolaise est Ghanéenne,  Grecque, Belge, Centrafricaine, Rhodésienne, Angolaise, Camerounaise... sénégalais, Guinéenne et Malienne.

Ce qui fait dire au professeur Alain Mabanckou que: “Dès le départ, la Rumba est une fédération panafricaniste des artistes”.

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